Acte VIII : la "Marmotte" deuxième et dernière partie...

Publié le par Albator-70

La course partie 2 du sommet du Galibier à l'arrivée à la station de l'Alpe d'Huez : « STRATEGIE… gagnante ! »

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                             Vue du sommet, avec en arrière-plan le Mont Blanc...

Il est
midi passé, et je fais un premier break de 3’ au point de ravitaillement du sommet : 2 petits sandwichs avalés, 3 verres de Coca pour les faire glisser. Une cinquantaine de place de perdues par rapport aux coureurs assistés par une voiture (ce n’est pas à chaque course mon cas, comme aux "3 ballons" par exemple !). J’enfile également mon coupe-vent, et je me jette dans la très longue descente du versant SUD du Galibier, en direction de Bourg d’Oisans, 48 km et 1850 m plus bas ! Les premières rampes de la descente du Galibier par le versant SUD sont raides (
12%). J’avais crevé dans cette partie en  2004… et abandonné, la roue arrière explosée, et 200 mètres pour s'arrêter ! Nous sommes dorénavant en région PACA, dans le département des Hautes Alpes. Isolé, je fais une descente « prudente » à 60 / 65 km/h, la route étant très bosselée. Ca revient fort de l’arrière, pour constituer un peloton d’une vingtaine de coureurs au passage du col du Lautaret (km 122), à la frontière des Alpes du Sud et du Nord.


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C'est un long ruban de 7300 coureurs qui va descendre le Galibier

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01h11’ pour rejoindre Bourg d’Oisans, pied de la dernière ascension du jour : la montagne des Hollandais, l’Alpe-d’Huez. 163èmekm, 06h16’ de course, à 01h14’ de mon objectif temps. JOUABLE ! FRAIS, c’est entre 50 et 55’ pour arriver en haut, à 16,0 km/h. Mais avec déjà 3750 m de dénivelé dans les jambes, c’est une toute autre histoire !


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Alpe d'Huez : 13,9 km à 8,1% moyen (724 m / 1815 m). Dénivelé : 1120 m
                         % maxi : 14,0%
                         Pente : < à 4%          4 à 7%          7 à 10%          > à 10%
Col HORS catégorie

Record de l’ascension : Marco PANTANI en 36’45’’ lors du Tour de France 1997, à 22,5 km/h et 1815 m/hr…

 
alpdhuez.jpg UNIQUE, MAGIQUE, pour
 son tracé, pour ses 21
 virages numérotés
, la
 « montée de l’Alpe »,
 comme on l’appelle
 affectueusement, est
 devenue un sanctuaire du
 cyclisme :
30 000
 cyclistes la gravissent
 chaque
année. Le jour du
 Tour de France
(tous les
 2 ans), une marée humaine
 s’installe le long des 14 km
 d’ascension. En 2004, les
 chiffres explosent :
 1 million de spectateurs
 se sont réunis sur la
 montagne mythique. 
 L’enrobé
 de la route est
 refait à chaque passage
 du Tour (EUROVIA ?)
,
 mais rien n’est trop beau
 pour le Tour de France...
 La montée de l’Alpe
 d’Huez est devenue une
 LEGENDE.
Et nous, pauvre
 cycliste amateur,
voulons
 y écrire notre ligne, à
 l’encre de notre SUEUR ! :
 « 2 tés à DOUETTE ! ».









Cette
DRAMATURGIE du sport cycliste, va avoir lieu non seulement en 3 ACTES avec ses rebondissements, mais aussi et surtout en 21 EPINGLES !


                                                    Vidéo-clip "Sonne"- Rammstein (2001)
      alpe-d-Huez-21-virages.jpg








































-Acte I
 : « L’ascension des Braves ! »

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Ce sont donc 20 téméraires qui arrivent lancés à 35km/h au pied de l’Alpe, pour une 200èmeplace provisoire à son sommet. Il est 13h16’, et le vainqueur, le coureur Italien CORRADINI a battu au sprint le triple vainqueur Hollandais Bert DEKKER (vainqueur de "la Vaujany"), et cela depuis 14’ : un autre monde ! 3ème un autre Italien KLYUEV (2ème de "la Look") à 2’30’’, battant au sprint le 1er Français Michel ROUX. Mais nous ne sommes qu’au pied ! Et il est très dur avec 12% de pente jusqu’au virage 21 à 800 m ! Moi j’ai des jambes de feu, escaladant le raidard à 10/11 km/h, en 34/25 à 178 bpm, avec un coursier hollandais, et on a mis 100 m à nos poursuivants ! La pente « redescend » à 10% jusqu’au village de La Garde (km 2,5 de l'ascension, altitude 980 m), les épingles 20, 19, 18, 17 et 16 étant « arrachées » l’une après l’autre au prix d’un effort harassant, en silence, l’oreille rivée au bruit du boyau qui crisse légèrement sur l’enrobé parfait, mais brûlant car le soleil frappe fort à 30°C ! Autre point négatif, nous sommes samedi, arrivée des vacanciers juilletistes, et nous roulons dans les gaz d’échappements de leur moteur diesel ! Dernier point négatif, et pas le moindre, ma douleur au genou gauche devient insupportable ! Néanmoins nous sommes récompensés par une portion plate d’une… vingtaine de mètres ! Un ravitaillement en eau (un gobelet pris « en vol ») versé sur la tête permet de se rafraîchir l’esprit !

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      Le virage 20
au-dessus de Bourg d'Oisans. A l'arrière le massif du Taillefer.

-Acte II : « Les tendons qui surchauffent ! »

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                 Vue sur les épingles 16 et 15, à la sortie du village de La Garde. 

De La Garde (km 2,5) jusqu’à Huez-en-Oisans (km 8, altitude 1440 m), la pente va être moins forte sans jamais descendre en-dessous de 8% ! La vitesse augmente à 11/12 km/h, et le cœur se stabilise à 175 bpm. Néanmoins je commence à souffrir de la CHALEUR, malgré que je m’arrose régulièrement tête et cou ! Au virage 13 je mets une première fois PIED à TERRE, la douleur de mon genou gauche étant trop forte. 1’ d’arrêt, mais les 1er des coureurs lâchés me dépassent ! Cela ne fait hélas que commencer, car c’est un long CALVAIRE qui semble se présenter ! Mais au MENTAL je repars ! La vitesse retombe à 10 km/h, et le cœur à 170 pulsations. J’enchaîne les épingles 12, 11, 10 et 9 et la traversée du petit village du Ribot-d’en-Haut (altitude 1160 m). La chaleur devient suffocante, l’ascension étant orientée SUD-OUEST sans aucune ombre. En panne d’eau dans mes gourdes, je fais un 2èmearrêt pour faire le plein d’eau au km 6,5. Après 1’ je repars de nouveau. J’ai été doublé par tous les coureurs lâchés de mon groupe originel ! Je repars 500 m, la pente se durcit à 9% après le virage 8, et c’est le genou qui me refait mal. 3èmearrêt de 1’. Ca commence à sentir la GALERE ! Une nouvelle fois au MENTAL je repars ! A Saint-Ferréol (km 7,5, altitude 1390 m) se présente un second ravitaillement en eau. J’y consacre un 4ème arrêt de 1’, en buvant 2 verres de coca… Il est 14h02’, cela fait déjà 44’ que j’ai attaqué le début de l’ascension, et il ne reste plus que 30’ pour gravir les 6 km me séparant du sommet !

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Vue sur les épingles 13 à 7, et l’entrée au village de Saint-Ferréol et son petit clocher médiéval. A noter que les épingles sont très plates, pour permettre aux poids lourds et cars de se relancer. Les cyclistes peuvent un petit peu souffler...

-Acte III : « Et c’est (RE)parti pour le show ! »


Soudainement le soleil s’est voilé. Et aussi
soudainement la douleur au genou devient supportable. Il en est ainsi, sans en connaître les véritables raisons. Mais quoiqu’il en soit, c’est bon à prendre ! C’est reparti avec 7,5% de pente jusqu’à l’entrée dans le village de HUEZ-en-Oisans (km 8, altitude 1440 m). La vitesse remonte à 12/13 km/h, et les pulsations oscillent entre 165 et 170 bpm. Au virage 6, ça se corse un peu avec à nouveau des pentes supérieures à 8%. La station de l'Alpe d'Huez apparait pour la première fois et vous nargue ! Les épingles 5 et 4 sont avalées, et voilà la patte d’oie (km 10, altitude 1590 m). Il ne faut pas tourner à droite, la montée c’est tout droit dans les alpages, sous le regard  indifférent des vaches laitières. La pente « remonte » à 9% à hauteur des virages 3 et 2.

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                Doudou à l’avant-dernière épingle de la montée de l’ALPE-D’HUEZ

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 Franck SCHLECK, vainqueur à
 l'Alpe d'Huez au Tour de France
 2006... avec le même vélo que
 moi ! Lui, c'est 42'pour gravir
 le col HORS Catégorie.


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Après la
dernière épingle, la pente repasse à 10% pendant 500 m ! Je reprends un à un la plupart de tous les coureurs qui m’avaient doublé un peu plus bas, à 11/12 km/h. La dernière partie de 1,5 km est en faux plat montant à 4%. Je mets TOUT ce qu’il me reste dans les jambes, car le chronomètre continue à tourner et c’est très limite pour passer sous les 07h30’. La vitesse monte à 25 km/h ! Sprint final à 35 km/h dans les 500 derniers mètres, avec cette maudite crampe à la cuisse droite dans les 50 derniers mètres ! Et je passe sous la ligne d’arrivée : le chrono affiche 07h28’39’’ : c’est GAGNE !!! 


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La ligne d’arrivée, digne du Tour de France…


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La « montée de l’Alpe » est vaincue au bout de 01h13’ d’effort (815ème temps sur les 5300 "finishers"), à 11,0 km/h de moyenne, avec 4 arrêts qui m’ont fait perdre 4 bonnes minutes. La vitesse ascensionnelle s’est effondrée à 880 m/hr. Très loin du vainqueur qui l’a gravi en 48’20’’, ou de POLVERONI en 55’. Néanmoins J’ai pulvérisé de 5’ mon record de l’ascension sur la Marmotte, et battu mon record sur l’épreuve de 17 minutes !


 Les chiffres à l'arrivée :

 
-les 177 km en 07h28’39’’ à 23,7 km/h de moyenne, mais à 01h26’ du premier !
-302ème / 5300 arrivants au classement définitif : 300 devants, mais 5000 derrière ! 2000 abandons (la plupart au pied de l’Alpe d’Huez) ;
-129èmeD / 1658 ; 102ème coureur Français !
-155 bpm de moyenne, avec un maximum de 178 bpm (94% du maxi). En moyenne 5 pulsations de moins qu’en 2003 !
-6900 Kcal
dépensées ;
-65,2 km d’ascension ; 44,0 km de plat ; 67,8 km de descente ;
-HAUTE MONTAGNE.

Classement à l'arrivée : les PROFESSIONNELS ne sont pas à la fête !

1er/   Antonio CORRADINI/ ITA :     06h02'13’’, 29,3 km/h de moyenne !

2ème/ Bert DEKKER/ HOL :               06h02’14’’ ;

3ème/ Konstantin KLYUEV/ RUS :    06h04’39’’, coureur élite en Italie (futur PROFESSIONNEL) ;

4ème/ Michel ROUX/ FRA :                06h04’48’’ ;

5ème/ Michel SNEL/ HOL :                06h05’07’’, 1erVosgien (il habite à Plombières-les-Bains !) ;

14ème/ David POLVERONI/ FRA :    06h21’15’’ ;

15ème/ Julien BERARD/ FRA :          06h22’44’’, coureur PROFESSIONNEL équipe AG2R- La Mondiale ;

21ème/ Sander SMITS/ HOL :           06h32'04’’, 27,1 km/h de moyenne !

23ème/ Vincent PHILIPPE/ FRA :    06h32’41’’, 1erFranc Comtois (Doubs), CC Etupes ;

80ème/ Th. LALLEMENT/ FRA :         06h56'07’’ avec le même temps qu’aux "3 Ballons" ! 25,5 km/h !

83ème/ Mark GRAHAM/ ANG :          06h56'41’’ avec le même temps qu’aux "3 Ballons" !

155ème/ Sébastien PORTAL/ FRA : 07h08’59’’, coureur PROFESSIONNEL équipe COFIDIS ;

302ème/ Hervé DOUETTE/ FRA :      07h28'39’’, 1erHaut-Saônois, 4èmeFranc Comtois, 102èmeFrançais !


Au classement général catégorie D des 30/39 ans après la 8ème course, je CONSERVE ma quatrième place, et suis exclu du PODIUM... DEFINITIVEMENT :

1er/ Thierry LALLEMENT/FRA :
                                                                                  2458 points
10° à Aix, 10° à Nevers, 3° à Cogolin, 1° au Ventoux, 17° à Champagney, 6° à Morzine, 
à Vaujany, 37° à l'Alpe d'Huez

2ème/
Sander SMITS/HOL :                                                                     2428 points
17° à Aix, 41° à Nevers, 10° à Cogolin, 7° au Ventoux, 26° à Champagney, 5° à Morzine,
à Vaujany, 10° à l'Alpe d'Huez
             

3ème/ Mark GRAHAM/ANG :                                                                       2406 points
23° à Aix, 27° à Nevers, 5° à Cogolin, 3° au Ventoux, 12° à Champagney, 18° à Morzine,
16° à Vaujany, 39° à l'Alpe d'Huez
       

4ème/ Hervé DOUETTE/FRA :                                                                  2126 points
16° à Aix, 26° à Nevers, 6° à Cogolin, 22° au Ventoux, 19° à Champagney, 15° à Morzine,
17° (S) 
à Vaujany, 129° à l'Alpe d'Huez

5ème/
Christophe THOMASSON/FRA :                                                   1661 points
34° à Aix, 35° à Nevers, 13° à Cogolin, NC au Ventoux, 82°
 à Champagney, 39° à Morzine,
39°
à Vaujany, 270° à l'Alpe d'Huez


Conclusion : le second objectif de la saison est atteint : moins de 07h30’ à "la Marmotte".

 

Les regrets : tous les magazines spécialisés disent que le temps réalisé à l’épreuve des "3 Ballons" correspond à celui mis pour terminer "la Marmotte". C’est par exemple le cas de GRAHAM ou LALLEMENT, à la minute près ! Et moi pour je ne sais quelle raison, c’est toujours une différence de 25 minutes, dans le mauvais sens ! Si je vais plus vite aux "3 Ballons", c’est également le cas à "la Marmotte", mais avec toujours cet écart de temps. Je crois définitivement que la Haute Montagne au-dessus de 2000 m n’est pas faite pour moi ! Je demeure un « grimpeur-puncheur » sur des cols courts de 10 km !


Au classement général, Sander SMITS fait un sérieux rapproché sur la première place, avec sa belle 10ème place sur l'épreuve...

Les différents passages chronométrés des protagonistes au podium :

                             Glandon        Télégraphe   Galibier        Alpe d'Huez   Grimpée Alpe
Bert DEKKER              01h27'32''    ?                     04h12'32''   06h02'13''            48'19''
Sander SMITS            01h27'40''    03h21'26''    04h32'10''   06h32'03''            56'11''
Thierry LALLEMENT  01h32'09''     ?                    04h43'57''   06h56'07''      01h07'04''
Mark GRAHAM           01h36'46''     03h34'40''    04h49'40''   06h56'40''     01h04'50''
Hervé DOUETTE        01h40'24''     03h43'46''    05h05'27''   07h28'39''     01h12'57''

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