Acte IV : la "VENTOUX" à Beaumes-de-Venise (84) le 07 juin

Publié le par Albator-70

Déplacement : 550 km... par Lyon le vendredi après le travail.

 

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Temps : soleil au départ, brouillard au sommet du Ventoux, mistral à 30 km/h avec des rafales à 60 km/h. Longue de 170 km elle affiche 3900 m de dénivelé. 350 coureurs se sont donnés rendez-vous, parmi lesquels on retrouve quelques membres des grands teams cyclosportifs (Jean-Pascal ROUX local de l’étape du team vélo 101, David POLVERONI et Sébastien GISSINGER UC Voiron vainqueurs des catégories C et D du Grand Trophée 2007, Philippe RONAT et Jean-Pierre RENAUD du team CHAMROUSSE).

Le
plat principal demeure l’ascension du Mont Ventoux par la « voie royale » depuis Bédoin ! Car le Géant de Provence est un col particulier, situé entre les Alpes et la Provence, semblant surgir de nulle part… Il en impose dans le pays provençal : un géant dans un pays de nains, culminant à 1909 m, et visible à 100 km à la ronde… Selon l’exposition et l’altitude sont représentés les différents climats d’Europe rencontrés depuis la Méditerranée (à sa base chêne vert, olivier, lavande, thym, vignes. De 800 à 1600 m cèdre, pin, sapin et mélèze) jusqu’à la Laponie (plantes arctiques à son sommet). Il fait partie des 368 sites naturels reconnus par l’UNESCO

  

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Le Mont Ventoux depuis la plaine de Bédoin, quelques 1600 mètres plus haut...

 

ventoux37.jpgLa partie sommitale du massif est constituée d’éboulis de calcaires blanchâtres, quasiment dépourvus de végétation, d’où son surnom de mont Chauve : 200 jours de brouillard par an, des vents supérieurs à 90 km/h les 2/3 de l’année pouvant atteindre les 250 km/h. A son sommet se dresse un observatoire météorologique.

Le Mont Ventoux est une
sentinelle avancée, exposé à tous les vents, comme son nom l’indique, accrochant tous les nuages. Par un effet que votre grenouille ne saurait expliquer et que Météo France renonce à comprendre, les chaleurs suffocantes de l’été laissent rapidement la place à des tempêtes de grêles, voire des chutes de neige… C’est ainsi le Ventoux est mutin. Il aime à taquiner les audacieux. Il aime leur montrer son humeur espiègle.



Le
Mont Ventoux comprend 3 versants:

ventoux-carte.jpg-le versant SUD depuis Bédoin est le plus difficile, car sans aucun moment de répit. C’est le 1er versant escaladé lors de la cyclosportive.
-le versant NORD depuis Malaucène est moins prestigieux, malgré la même déclivité que la « voie royale »
-le versant EST depuis Sault, le plus facile, rejoint le versant sud au Chalet Reynard.

  
Versant SUD :

 

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Distance :                      21,5 km
Dénivelé : 
                    1610 m
Pourcentage moyen :
    7,5%
Pourcentage maxi :     10,5%

Col HORS-CATEGORIE
Record de l’ascension : lors du Dauphiné en juin 2004, Iban MAYO a gravi le Géant de Provence en 55’51’’ à 23 km/h et une vitesse ascensionnelle de 1725 m/hr


« La difficulté du Ventoux ne réside pas dans les pourcentages rencontrés sur ses pentes. On a vu pire ailleurs. Sa principale caractéristique tient d’un axiome simple : ça n’arrête jamais de monter ! Quand on cesse de pédaler, on repart en marche arrière. Point » (Alexandre Coutelis).

« Le Ventoux ne sert à rien. Il n’aura été inventé que pour être grimpé à vélo » (Paul Fournel).

 

« Au départ de Bédoin (300 m), le versant SUD débute tranquillement par 2 km à 3% de pente moyenne. Ensuite, passant par les hameaux de Sainte Colombe et des Bruns, la pente n’excède jamais les 5% de moyenne. En fait la montée débute vraiment au fameux virage de Saint-Estève, soit 5,7 km après Bédoin. Ce virage en épingle sur la gauche marque le début de votre enfer, en entrant dans le secteur des « 7 virages ». Long de 8 km, protégé par un environnement boisé, la déclivité ne descend jamais en dessous des 9%, et monte sur certains tronçons à 10,5% ! Pire aucun répit n’est possible, la rançon d’un début d’ascension facile… Le seul lieu où vous pouvez souffler se situe juste avant le passage au Chalet Reynard (1420 m), après plus de 15 km d’ascension. Il marque le début du mont Chauve : un décor irréel avec cette multitude de cailloux à perte de vue, souvent balayé par un violent mistral. Après la jonction avec le versant EST, il ne reste plus qu’une route pour grimper au sommet. Celle-ci débute par un premier km à 8% suivi d’un autre à 6%. Ensuite de longs virages permettent d’identifier le sommet symbolisé par l’observatoire météo. Les km suivants présentent une déclivité croissante : 7%, puis 8% vers la stèle Tom Simpson, et enfin 9% entre le 20ème km et le sommet ! »     

(Hors série Le Cycle- Les 30 plus beaux cols de France- 07/2005)


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Derniers hectomètres de l'ascension du versant sud. Au loin Malaucène...

Versant EST :

 

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Distance :   19,0 km jusqu'au Chalet Reynard
Dénivelé :    725 m                                                                                                         
% moyen :   3,8%
% maxi :       6,0%

« Le versant EST est le plus agréable avec ses champs de lavande en contrebas. Au départ de Sault (765 m), vous descendez légèrement durant plus d’une borne pour rejoindre les bords de la Nesque, à 700 m d’altitude. Pendant les 6 premiers km vous grimperez sur des pentes n’excédant pas les 6% jusqu’à La Chapelle-du-Ventouret. La seconde partie continue jusqu’au 14èmekm, c’est à dire au lieu-dit Le Belvédère, avec encore moins de difficultés que précédemment. Il ne restera plus qu’à franchir le col de la Frache (1395 m) avec 2 km à 3 et 4,5% de moyenne. Enfin, vous n’aurez plus que 1,5 km de plat pour rejoindre Le Chalet Reynard (1420 m) »
(Hors série Le Cycle- Les 30 plus beaux cols de France- 07/2005)  


  La course : « Mistral… GAGNANT ! : il l’emporte et il t’emporte !  »

 


Vidéo-clip "Mistral gagnant". Renaud (1985)   

 

Samedi 07 juin, il fait un temps exécrable dans la vallée du Rhône... Pas de pluie, mais un mistral soufflant à 30 km/h du NNO avec des rafales atteignant les 60 km/h !!! 3ème course dans le sud, et 3ème journée venteuse. Mais cette fois-ci cela ressemble plus à une tempête !!! Au départ de Beaumes-de-Venise, 350 coureurs se pressent néanmoins dans le box... 08h30 coup d'envoi de la course à 35 km/h face au vent sur un profil montant permettant de « s'échauffer » sur 15 km et de passer de 90 m à 300 m d'altitude. Les premières impressions ne sont pas très bonnes… Jambes lourdes ! Jean-Pascal ROUX a déjà pris 1’30’’ d’avance en arrivant à Bédoin (pied du Mont Ventoux), la route se dressant alors à 5% durant 6 km.

Ca roule très vite sur le gros plateau à 25 km/h, tous les coureurs voulant aborder à la meilleure position possible la première épingle de Saint-Estève où débute la véritable ascension du Géant de Provence. Je suis en 50ème position, et après ce 1er virage à 180° à gauche la route s'incline à 9%. Cela va maintenant durer 15 kms, et la pente va dorénavant osciller entre 8% mini et 10,5% maxi sans aucun moment de répit ! Le peloton s'étire instantanément, et les meilleurs prennent déjà la poudre d'escampette. J'ai décidé d'être prudent en ce début d'ascension, n'ayant jamais gravi ce col de légende. Je me cale à 175 pulsations (92% du maximum), juste retour d’expérience de mes ascensions à Cogolin « dans le rouge » à 180 bpm ! Le compteur indique un peu moins de 15 km/h. Le grip est excellent, et j'arrive à changer mes pignons de la cassette entre le 21 dents et le 25 dents (le maximum) au gré des changements de pente ! Peu avant le bref replat du Chalet
Reynard (1420 m) j'ai doublé une vingtaine de concurrents (Sébastien GISSINGER) , et rattrapé Mark GRAHAM devenu depuis la première course un compagnon de route systématique, ainsi que Jean-Pierre RENAUD et Mark VAN DEN BROEK. 1h00’ d’effort à 16,0 km/h pour arriver là ! A la sortie de la forêt à 1400 m d'altitude nous sommes un groupe de 10 coureurs et il reste les 5,5 km du mont Chauve à gravir : aucune végétation, un désert de cailloux et un violent mistral de face ! Le sommet est noyé dans un épais brouillard... Dans le kilomètre nous surplombant on aperçoit 2 pelotons d'une dizaine de coureurs devant nous. Par contre pas de gyrophare de la voiture ouvreuse : les meilleurs ont déjà été avalés par la brume.

 

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Objectif... LUNE !!!

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Dans les dernières rampes du mont Chauve...
                                                                        
Avec Mark et un autre concurrent anglais nous prenons énormément de relais dans cette ascension finale
balayée par le vent avec des bourrasques assez violentes, sans le repère de l’observatoire, au gré des lignes droites entrecoupées de longs virages… Au bout de 01h24’ d'effort après une dernière épingle terrible nous apercevons enfin la silhouette sombre de l'observatoire qui culmine à près de 1910 m d'altitude (km 40)... Il aura fallu 24’ à 13,8 km/h pour gravir les derniers kilomètres du mont Chauve face au vent ! La température est tombée à 3°C... Le meilleur POLVERONI a déjà pris 7 minutes d’avance suivi de près par ROUX et LALLEMENT, leader de ma catégorie D, à 1 minute, puis suivent DIAZ leader C, CHABERT, SCHEFFER, AMBLARD. Les 8 suivants sont déjà relégués à 4 minutes (dont SMITS, RONAT et GIORGALLA leaders catégories E et F), puis un peloton de 9 à 6 minutes... Je passe en tête d’un 5ème groupe composé de 5 coureurs en 25ème position à 7 minutes, 1 petite minute devant nos 5 compagnons lâchés (dont VAN DEN BROEK, RENAUD et GISSINGER).

Je décide à ce moment de la course de vêtir mon coupe-vent goretex intelligemment emporté dans la poche arrière de mon maillot… mais 1 minute de perdue, mes doigts étant gelés… Je repars dans les roues de GISSINGER, et nous nous jetons à 6 dans la descente sur Malaucène, moi en dernière position. Leur silhouette disparaît dans la brume : on ne voit pas à 10 mètres, si bien que j’utilise le seul instrument précis en usage dans ces moments : le PIFOMETRE ! La descente est très pénible, les mains sur les freins, le froid envahissant tout le corps, tout en claquant des dents, pétrifié par le froid ambiant majoré par la vitesse. Je sors isolé après 5 kilomètres de l'épais brouillard au niveau de la station de ski du Mont Serein, m’ayant fait sortir des roues par le groupe de 5 ne connaissant pas la descente et l'enchaînement des épingles, pour enfin lâcher les freins et dévaler à près de 90 km/h les longues lignes droites de la descente. Néanmoins je suis repris par 4 autres coureurs.

 

Au ravitaillement de Malaucène (330 m d’altitude, km 63), je refais une courte pause pour enlever mon coupe-vent et faire le plein… d’eau, et repart une nouvelle fois isolé. Je suis repris par un peloton d’une dizaine de coureurs, dont la moitié qui ne font que le parcours senior. A partir de ce moment les impressions générales sont très mauvaises : plus de jambes, difficultés à m’alimenter : soit j’ai trop forcé dans l’ascension du Ventoux, soit plus vraisemblablement le froid de la descente m’a « coupé les pattes » ! C’est tant bien que mal que je gravis dans les roues le col de Veaux à 20 km/h (386 m d’altitude, km 77), et à la bifurcation entre parcours master et senior je me pose sérieusement la question si je dois ou non abréger mes souffrances. Mais mon classement provisoire à la 2ème place de la catégorie D me « force » à poursuivre la galère dans laquelle je me suis embarqué ! Actuellement je me bagarre pour une hypothétique 40ème place au scratch.

Moi « 
je suce toujours les roues », et nous contournons le massif du Ventoux par Saint Léger-du-Ventoux (altitude 565 m, km 82). S'ensuit une rapide descente à 60 km/h, puis ça remonte dans un premier temps sagement à 30 km/h, puis je saute dans l’ascension d’Aurel (altitude 780 m, km 107), me permettant néanmoins d’admirer ce joli village typique à la frontière du Vaucluse, de la Drôme et des Alpes de Haute Provence.

 

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Village d'Aurel dans les champs de lavande (C Alain UNVOLAS)


Je suis de nouveau repris par un groupe de 5 coureurs, et descendons sur Sault (altitude 715 m, km 109). Et ça remonte pour 19 kms sur le Chalet Reynard. Rien de compliqué, avec des pentes de 4 à 6%, mais je suis dès les premières rampes déposé par ces 5 hommes : je suis scotché à la route à 165 bpm à 14 km/h, comme si je me retrouvais dans les pentes du Ventoux à 9% du matin. Après 6 kms de souffrance, au niveau de la Chapelle du Ventouret, je décide de faire une pause de 5 bonnes minutes tranquillement allongé à l’ombre d’arbres protecteurs… Une vingtaine de coureurs, par petits paquets de 2 ou 3, vont ainsi passer devant mes yeux…

Reposé, je repars pour les 11,5 km restants de l’ascension, et commence à doubler quelques concurrents. Au 2ème passage au Chalet Reynard (altitude 1420 m, km 129) je m’arrête au ravitaillement en eau et refait le plein complet de mes 2 gourdes. Puis je me jette dans la descente sur Bédoin escaladée le matin (beaucoup plus facile dans ce sens là…) que je fais à fond avec une pointe à 90 km/h ! J’y dépose 2 coureurs, qui me rejoignent dans le vent de face et me dépose dans l’ascension de la Madeleine (altitude 450 m, km 151). Si tu es isolé en cette fin de course vallonnée avec le mistral de face, tu luttes et perds des forces qui te manquent dans les ascensions roulantes ! Au sommet je suis de nouveau repris par un groupe de 9 coureurs. Je m’accroche en dernière position, jusqu’au pied du col de la Chaîne (altitude 472 m, km 159) et les somptueuses « Dentelles de Montmirail ».

 

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Les dentelles de Montmirail (C Pascal LANDO)


Le calcaire est finement ciselé par l’érosion, telle une dentelle de pierre majestueuse, véritable sculpture s’élevant à 755 m d’altitude. Cette côte longue de 3 km présente une pente de 6% de moyenne. Dès le pied je suis lâché, mais à moins de 15 km de l’arrivée je mets toutes les forces qu’il me reste pour reprendre un à un les 8 coureurs avant le sommet (les 3 km en 12’ à 170 / 175 bpm à 15 km/h).

Je bascule dans la descente juste derrière un Hollandais 100 m devant. La course se termine en contre-la-montre de 10 km face au coureur batave avec le vent dans le dos, pour mourir 10’’ dérrière lui.

Classement final :
-74ème
au classement général sur 354 arrivants, mais à 55' du vainqueur Jean-Pascal ROUX (à 30,1 km/h)...

-Les 170 kms en 06h34'26’’ à 25,9 km/h de moyenne, 243 watts de puissance moyenne... 3890 m de dénivelé gravi.

-22ème D / 88.
-156 bpm
de moyenne, avec un maximum de 180 bpm (95% du maxi).

-64,9 km d’ascension ; 39,5 km de plat ; 65,5 km de descente.
-HAUTE MONTAGNE
.


Mes concurrents directs au classement de la catégorie D :

-Thierry LALLEMENT, 3ème au sommet du Ventoux, termine 7ème au scratch à 11’
  et 1er de catégorie ;

-Mark GRAHAM, 30ème au sommet du Ventoux, termine 12ème au scratch à 18’ et
  3ème de catégorie ;

-Sander SMITS,  10ème au sommet du Ventoux, termine 18ème au scratch à 22’ et
  7ème de catégorie.


Au classement général catégorie D des 30/39 ans après la 4ème course, je PERDS ma seconde place, et conserve la troisième DE PEU :

1er/ Thierry LALLEMENT/FRA : 10° à Aix, 10° à Nevers, 3° à Cogolin, 1° au Ventoux :
                                                                                                                              1210 points

2ème/ Mark GRAHAM/ANG :      23° à Aix, 27° à Nevers, 5° à Cogolin, 3° au Ventoux :
                                                                                                                              1176 points

3ème/ Hervé DOUETTE/FRA : 16° à Aix, 26° à Nevers, 6° à Cogolin, 22° au Ventoux :
                                                                                                                              1162 points

4ème/ Sander SMITS/HOL :      17° à Aix, 41° à Nevers, 10° à Cogolin, 7° au Ventoux :
                                                                                                                              1158 points


L'après-course : REPOS...

Car demain il y a vélo, avec la finale du Trophée « PROVENCE ».
De quoi méditer sur la course du jour. Des résultats sportifs décevants, avec de gros points perdus pour cette épreuve au coefficient 1,10 alors que j'étais bien placé au sommet du Mont Ventoux pour un podium de catégorie... Je demeure un puncheur, c'est-à-dire bon grimpeur dans les ascensions courtes ou d'une dizaine de kilomètres, comme à la maison... La HAUTE montagne, c'est beaucoup plus dure, car je ne m'y entraîne jamais... Enfin le vélo de par sa rigidité, ne laisse aucune solution de secours en cas de "coup de barre". La rançon de ses qualités... Il faudra envisager les prochaines échéances alpestres avec plus de modestie !!!
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